La France a réaffirmé son attachement au droit du peuple palestinien à l’autodétermination, lors d’une conférence internationale co-présidée avec l’Arabie saoudite au siège des Nations Unies à New York.
Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré que cette position s’inscrivait dans un contexte où « les faits accomplis sur le terrain » et la situation humanitaire à Gaza mettent en péril l’existence même du peuple palestinien.
« La France réaffirme le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, face aux faits accomplis sur le terrain, à la catastrophe humanitaire qui plonge tout un peuple dans la détresse et le menace d’effacement. », a-t-il dit.
M. Barrot a justifié la tenue rapide de cette conférence par l'urgence de la situation et la nécessité d'offrir une perspective politique concrète à un éventuel cessez-le-feu. « Le temps joue contre la paix. La situation à Gaza est aujourd'hui au-delà de l'imaginable. », a-t-il souligné.
Le ministre français a souligné que cette conférence visait à raviver une dynamique politique en vue de parvenir à une solution durable. « Nous avons donc voulu, en réunissant la communauté internationale, tracer un horizon politique nécessaire à la conclusion d'un accord de cessez-le-feu, aujourd'hui en discussion sous l'égide des Nations Unies, de l'Égypte et du Qatar. Notre objectif premier était de délivrer un message clair. La paix est possible. »
Il a également dénoncé les conditions de distribution de l’aide à Gaza, pointant la responsabilité du dispositif militaire israélien dans la mort de centaines de civils lors de files de distribution alimentaire. « C'est un scandale, c'est une honte, ça doit cesser », a-t-il conclu.
Après l’annonce jeudi du président français, Emmanuel Macron, qu’il reconnaîtra l’État palestinien formellement en septembre, la conférence convoquée par l’Assemblée générale des Nations unies, et coprésidée par Paris et Riyad, espère enclencher une dynamique en la matière.
Parmi les grandes puissances que la France aimerait convaincre de reconnaître l'État palestinien, figure le Royaume-Uni. Mais le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a répété vendredi qu’une reconnaissance devait « s’inscrire dans un plan plus global». Tandis que l’Allemagne ne l’envisage pas « à court terme».
Lundi à la tribune de l'Assemblée générale, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a rappelé que « tous les États ont la responsabilité d’agir maintenant », appelant au déploiement d’une force internationale pour protéger la population palestinienne.
Au moins 142 des 193 États membres de l’ONU - en comptant la France - reconnaissent désormais l’État palestinien.
« La solution à deux États est plus éloignée que jamais »
Depuis plusieurs décennies, la grande majorité de la communauté internationale soutient le principe d'une solution à deux États, mais après plus de 21 mois de guerre à Gaza, l’extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie et l'intention de responsables israéliens d’annexer ce territoire occupé, la crainte que la création d’un État palestinien ne soit physiquement impossible, gagne du terrain.
D’où l’idée de cette conférence, qui a lieu toutefois en l’absence du régime israélien et des États-Unis.
« Un État palestinien indépendant est la clé de la paix dans la région », a réaffirmé le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, en ouvrant la conférence.
Mais « nous sommes à un point de rupture. La solution à deux États est plus éloignée que jamais », a déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. « Soyons clairs, l’annexion insidieuse de la Cisjordanie est illégale, ça doit s’arrêter. La destruction à grande échelle de Gaza est intolérable, ça doit s’arrêter », a-t-il martelé, dénonçant les actions « unilatérales » qui pourraient « saper à jamais » la solution à deux États.
Face à l'ampleur des crimes et des destructions systématiques israéliens à Gaza, la pression internationale ne cesse de s’intensifier sur le régime sioniste pour qu'il mette un terme à sa guerre dévastatrice lancée en octobre 2023.
La catastrophe humanitaire dans le petit territoire ravagé par la guerre devrait donc être au cœur des discours des représentants de plus de 100 pays annoncés à la tribune de lundi à mercredi.